Automne breton

"En Bretagne il ne pleut que sur les cons" (Kersauzon)
"Ouais beh j'ai été épargné..." (Fab)


Chronique d'une semaine en Bretagne

Que faut-il pour découvrir véritablement un lieu ? S'y perdre, s'en imprégner, s'immerger, plonger dans les tréfonds de ses traditions, ses us et coutumes ? Ou ptet juste ouvrir les yeux, regarder sans filtre ni prisme déformant, et profiter de ce qu'on découvre. Profiter de ses connaissances pour les approfondir ; profiter de son ignorance pour découvrir et apprendre ; profiter tout simplement pour sourire...

Et cette semaine entre terre et mer, entre mont et ker, ça fut tout cela. A quoi m'attendais-je ? Je ne sais pas trop en fait. Ce que je savais par contre, c'est que j'avais une envie très forte de découvrir ce coin de France, cette région, ce pays.
Cette semaine ne fut donc pas un choc, mais un mélange de leçons, de plaisir, d'apprentissage et d'attention, teinté d'émerveillements par moments. Et ce qu'il en reste, sans doute les yeux encore brillants, une petite mélancolie de fin d'aventure, pour cette fois-ci en tout cas, et des souvenirs. De ces souvenirs qui ne rentrent pas dans une boule à neige...

Merci Steven et Stéphanie (et Imsouane), pour cette belle semaine ; un grizzly en Bretagne, au pays des pandas....


Lorient - Port-Louis
1er jour, à la sous préfecture, une des grandes villes du Morbihan, de la "petite mer", pour une visite des ports de plaisance et de pêche, un plein de cartes de la ville et des alentours, et de la balade. Balade dans la ville, une ville reconstruite après avoir reçu des tonnes de bombes sur la tronche, et du coup dont l'architecture n'a que peu d'intérêt. Un port de plaisance très calme, et un port de pêche à peine exploré, à l'embarcadère pour la navette fluviale pour Port-Louis, à ne pas oser explorer ce port là, mais ça va changer dans les jours qui suivent.
Une traversée de la baie tranquille, mais on sent déjà que le pied n'est pas très marin.
Port-Louis, un petit port, une citadelle à la mode Vauban, comme tant d'autres coins des frontières françaises.

Mont Saint Michel
Cherchez pas, les antres de l'abbaye n'ont pas été explorées, le guide conférencier aussi omniscient que pédant n'a pas été rencontré, et je n'ai donc pas pénétré les lieux interdits que seules racines et ailes peuvent explorer, l'escapade avait pour seul et sublime but un des thèmes récurrents de mes pérégrinations, le mascaret. Celui de la baie et celui de la Sélune, rivière se jetant dans la baie. Une belle mousse de baie, une belle onde de rivière aux reflets magnifiquement métalliques, et une nuit protégé par ce Saint Michel au mont omniprésent dans sa propre baie.

Pont-Aven
Non, je n'achète pas de boule à neige de bigoudène. Visite par les petits sentiers, ville calme hors saison, on sent l'effervescence pointilleuse et sans doute particulière qui peut envahir cette ville en pleine saison, vacances familiales et villas bourgeoises.

Ile de Groix
A un coup de pied de ferry de Lorient, l'île était un passage sinon nécessaire tout du moins très tentant. Premier constat, sur le bateau, pas le mal de mer, mais pas le pied marin. L'ours ne régurgite pas mais il a besoin de la main courante pour marcher sereinement sur un sol bougeant. Début de visite pédestre, de Port Tudy (destination du bateau) à Locmaria, de l'autre côté de l'île, face au plein océan. Pas de côte sauvage, ça sera pour la prochaine fois. Après m'être perdu sur les routes méandreuses du coeur de l'île, Locmaria, joli petit port, et bourg plein de petites ruelles. Le traditionnel café du matin fut pris dans un troquet typique en pleine saison, et un patron avec un sourire morse hors saison. Je suis l'étranger qui entre dans l'antre. Le bonjour franc fut celui d'un mec derrière son ordinateur. Pas spécialement envie de rester, dommage, ça sentait bon le feu de cheminée... Retour à Port Tudy en bus, plus rapide, et un moment de partage en attendant ce moyen de transport. La dame, âgée, aime parler, et j'ai l'écoute facile donc elle cause. De l'île, de sa maison, de sa famille, de son père thonier, d'une femme qui lui a piqué une photo et l'a jamais rendue. Elle me parle des "Trois Soeurs", serait-ce le tableau de Matisse ? Discussion un peu décousue, mais tellement agréable. De sarcophages d'une famille prétendument de la haute trouvés dans la maison. Elle cause, elle cause, et ne croyez pas que ce soit barbant, au contraire. Elle parle en attendant la boulangère qui va klaxonner, elle parle à un étranger, elle parle pour passer le temps, et ptet surtout pour raconter. Raconter l'île en racontant sa vie, raconter sa vie parce sa vie est cette île, et que la période s'y prête, hors saison, le moment où les gens ont le temps d'écouter, ne sont pas dans la visite minutée, mais dans la découverte intemporelle, mis à part l'heure du bus et du ferry. Mais est-ce si important ? Café au port, brasserie de la jetée, fermée en 12H et 14H en cette période, le resto se mue en troquet. Café en terrasse, avant un petit tour sur les falaises. Après les photos le bateau, retour sur le continent...

Carnac
Les cailloux alignés, c'est fait. L'amusement fut dans la photo, et les profondeurs de champs. Je n'y ai vu que des pierres droites, rien de plus. Les alignements sont nombreux, mais pas de fascination. Par contre une aire jeu excellente pour la photo. Rencontre avec un photographe qui se faisait une série photo et avait besoin de voiture noires ou blanches, en mouvement, pour signifier le temps. Une rencontre furtive amusante, le photographe serait-il un être bizarre ?

Quiberon, la côte sauvage
Quel panard. Le temps était tel que je n'en ai pas mangé le midi, fallait pas louper l'instant, fallait pas louper les lumières, fallait pas rater ça. Le jeûne en valait la peine. Des couleurs splendides, un spot de surf qui sent le localisme comme un port de pêche sentirait le poisson, mais n'étant pas venu pour ça, peu m'importe. Par contre pour le reste, vagues explosant sur les rochers, petites chapelles, couples regardant ensemble dans la même direction océanique. Quel plaisir à voir et à photographier ! Quand dans le reste de la France il pleuvait, j'étais parmi les privilégiés de Ra ou Ré, inondé par l'astre, et sur un terrain de jeux photographiques fabuleux. Un petit moment particulier à défaut d'être unique, unique car particulier, intense et difficilement oubliable, je crois...

Couchers de soleils sur Guidelplage
Nombreux soirs à faire de la photo de surf. habitués que je pourrais l'être au mascaret girondin, là j'ai jonglé entre glisse et paysage, et il y eut un soir en particulier où l'intérêt oculaire et photographique fut tout autant sur la vague que dans le ciel, sur le Fort Bloqué que sur la glisse, belles sessions photos. Les photos de couchers de soleils ne plaisent pas toujours, mais ont tente de saisir ce qu’on voit, surtout quand c’est beau…

Les Monts d'Arrée
A quoi s'attendre ? A deux ambiances aussi différentes que particulières. Entre forêt presque mystique à Huelgoat, tout du moins suffisamment resserrée  pour que chaque découverte soit exacerbée, que ce soit une roche tremblante, ou cet entassement de pierres lisses, qui pourraient être oppressantes si l'humeur n'était pas à la légèreté. Et dans la foulée de quelques kilomètres, le Mont Saint Michel, celui du Finistère, à 381m d'altitude, à une heure à la lumière est chaude, presque rasante, un genre d'apothéose du séjour, un régal...


Le retour, demanderez-vous ? Pas envie de partir, mais le train fut une plongée dans les photos, et j'ai donc quitté la Bretagne quand le train s'est arrêté voie 7 de la gare de Bordeaux St Jean. Des étoiles et des souvenirs pleins les yeux et la caboche, quelques poils d'Imsouane sur les bagages, mais elle a accompagné certains de mes réveils en douceurs.

Un immense, un énorme remerciement à vous Stéphanie et Steven ! Désormais beurre salé, galette au blé noir à 100%, graz et oeuf brouillé. Et l'envie de découverte s'est muée en bonheur serein d'avoir vu, profité, découvert. La Bretagne ça vous gagne à la vitesse d'un cheval au galop. Et les souvenirs ne tiennent pas dans une boule à neige…